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Hellfest 2016 Jour 1 – Hellfest 2016 Jour 3
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Le sommeil c’est bien, mais le Hellfest c’est mieux, et on rattaque donc dès 11h pour ce deuxième jour de festival. Des trois jours, le samedi est peut-être le moins marquant au niveau de la programmation, avec cependant un très gros enchaînement sur la Warzone pour les amateurs de punk UK et français. Étant personnellement plutôt un fan de punk US, j’attend plus impatiemment Bad Religion que Les Sales Majestés ou Ludwig Von 88, mais l’affluence sur la scène était impressionnante toute la journée et il était fréquemment très difficile d’y accéder (ou d’en sortir d’ailleurs). C’est pourtant sur cette scène bondée que j’ai passé la majeure partie de ma journée, en alternance avec la Valley, avec un seul passage sur la Mainstage 2 et un dans la Temple.
Fait marquant à noter : la nouvelle Warzone dispose de gradins constitués de larges marches sur lesquelles il est possible de s’asseoir, et qui étaient recouverts de petits éclats de bois, certainement pour éviter la boue en cas de pluie. Inutile de préciser qu’avec les gros tarés qui ont squatté l’endroit toute la journée, ça s’est transformé en champs de bataille à coups de lancers de copeaux de bois par poignées, sans discontinuer une seule fois dans la journée.
Le premier concert de la journée est donc Dirty Fonzy, groupe de punk FR assez éclectique, qui passe aisément du street punk bien speed au punk mélodique tendance californien. En live, c’est encore plus fun que sur album et ça n’a pas d’autres prétentions que de foutre la grosse patate pour affronter le reste de la journée. Parfait à 11h !
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Direction la Valley pour écouter Hangman’s Chair, que j’avais déjà vu dans des conditions pas top (et chroniqué sur Analogic d’ailleurs). Ici, le son est bien meilleur et bien plus fat que la dernière fois et il est infiniment plus facile de rentrer dans le concert, qui débute très fort avec Dripping Low, intro de l’excellent dernier album. Alors oui, je sais, j’ai dit dans l’article du Vendredi que j’aimais pas le doom trop lent, mais la musique d’Hangman’s Chair est si génialement mélodique que ça fonctionne merveilleusement sur moi.
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Passage en express à la Warzone pour apercevoir de loin Les Sales Majestés qui me laissent définitivement indifférents, mais il semble bien que je sois le seul vu l’ambiance complètement dingue qui règne dans le public.
Je vais donc plutôt chercher le bonheur sous la Temple qui accueille le black metal mainstream à voix féminine de Myrkur, que j’aime beaucoup sur album. Tout d’abord, la scénographie est superbe, avec cette ambiance « sorcière » qui passe par un pied de micro en bois noueux et un backdrop qui représente une rune gravée. Mais voilà, si musicalement c’est ultra bien exécuté, la chanteuse Amalie Bruun en fait quand même un poil trop dans sa gestuelle pour que ce soit crédible, ce qui nous jette à la gueule le côté mainstream du projet et empêche pour le coup de rentrer correctement dans le concert.
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Cependant, pour ce qui est d’en faire des tonnes, on relativise bien vite la performance de Myrkur en voyant celle de Crobot. Le chanteur, veste rouge ouverte, enchaîne les poses grandiloquentes avec son pied de micro, les mouvements avec la main à chaque montée du chant, les lancers de cheveux, bref toute la panoplie du parfait chanteur de rock. Mais c’est leur rock bluesy-gras est tellement cool qu’on lui pardonne aisément cette gestuelle qui finalement lui va bien. C’est ultra puissant et dynamique et ça met de bonne humeur.
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Une pause dans le programme spécial « punk à chien » de la Warzone avec le concert de Strife. Enfin, je dis pause, mais Strife c’est du gros hardcore bien bas du front qui donne juste envie de péter les côtes de ses voisins à coups de coudes. Après 25 ans de carrière (avec des hiatus quand même), ils toujours autant la hargne sur scène.
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Première grosse tatane de la journée avec Mantar sous la Valley. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit d’un duo guitare/batterie allemand qui joue un sludge bien crade avec une voix black, et des prestations scéniques réputées pour être ultra-punk et badass. Et putain, ils n’ont pas volé leur réputation : même à 2 sur une grande scène, ils envoient du steak par paquet de 12. Le batteur frappe ses fûts comme s’il essayait d’abattre un animal, le guitariste se tord et se contracte dans tous les sens après avoir englouti une bouteille de Heineken cul sec avant de démarrer son set, ça gueule, ça cogne, ça défonce tout et ça finit en nage. Bref, s’ils passent dans votre coin, ruez vous sur les places, et en attendant écoutez leur album qui est terrible. Pour la petite histoire, cette année ils vont tourner aux US en première partie de Cobalt. Enfoirés d’américains.
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Après une tarte pareille, difficile d’appréhender le concert de Torche, dont j’avais vraiment un meilleur souvenir. Là j’ai vraiment trouvé ça chiant dès le début du concert, et du coup j’ai pas grand chose à dire de plus. Et oui, mes photos sont ultra-chiantes aussi, je sais.
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Après un passage éclair au concert de UK Subs, on fait un petit détour par la Mainstage 2 pour voir (mais pas photographier, malheureusement) le concert de Sick Of It All. Même constat que pour Hatebreed hier : 30 ans de carrière, 50 balais, mais toujours la même musique, la même énergie positive, le même esprit, la même baston dans le public. C’est sans surprises bien sûr mais c’est exactement ce qu’on recherche avec eux.
La Warzone est une nouvelle fois archi-bondée pour les Toy Dolls, ce qui est toujours une énigme pour moi. Je ne comprends pas ce groupe, je suis totalement hermétique à leur bouffonnerie humour, aux costumes colorés, à la voix de canard, aux morceaux sautillants… Vraiment je pige pas. Mais c’est tout de même un bordel monstrueux devant la scène, avec une moyenne d’un slam toutes les 1,5 secondes environ.
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J’adore le punk intelligent. Enfin, plus précisément, j’adore les gens intelligents qui font du punk. On associe trop souvent le punk à un style musical pour crétins édentés qui sont incapables de jouer autre chose, en occultant le formidable moyen d’expression que c’est à la base (faut dire qu’avec les groupes qu’on se coltine en France, on est pas aidés). Alors quand des mecs comme Greg Graffin (qui rappelons-le est professeur de paléontologie/zoologie à l’Université de Los Angeles) jouent dans des groupes de punk, moi ça me fascine. Je voue donc naturellement un culte à Bad Religion, à la complexité de leurs textes, à la puissance de leurs accords matraqués et au génie de leurs mélodies. En live c’est systématiquement fantastique à regarder : entre le look et la gestuelle de prof de math de Greg Graffin, la tronche improbable et l’énergie de Greg Hetson, la classe nonchalante de Jay Bentley, la frappe monumentale de Jamie Miller, nouveau batteur depuis le début de l’année… Bien sûr, il manque toujours Brett Gurewitz, trop occupé à gérer Epitaph pour tourner, mais ça n’enlève rien à la classe du groupe.
On peut se dire que quand on est Bad Religion, c’est super facile de faire une excellente setlist tant la liste de tubes est longue, mais tout de même : 20 chansons, Fuck You, Recipe For Hate, 21st Century, You Are, Do What You Want (jouée à donf comme à l’ancienne), Sinister Rouge, Sorrow, American Jesus… L’ambiance est quasi-religieuse (humour, lol, mdr, tout ça) devant la scène tant ça chante fort. Les seuls résistants sont un petit groupe dans le fond, trop absorbé à batailler à coup d’éclats de bois et à slammer sur des poubelles. Le groupe les saluera d’ailleurs entre deux morceaux, sans aucune réaction vu qu’ils n’écoutent pas. Un putain de concert, comme à chaque fois avec eux.
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C’est ensuite au tour d’Hermano de tout défoncer sous la Valley, pour leur première date après 8 ans de pause. John Garcia est très sage sur scène, mais sa voix est toujours aussi puissante et juste. Un très bon set de stoner bien classieux avec un son parfait.
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Et en parlant de son parfait, celui de Fu Manchu est certainement un des plus impressionnants du week-end. Très puissant mais parfaitement équilibré, on peut distinguer chaque note des longues envolées psychédéliques qui parsèment le stoner bien énervé du groupe. Par rapport à Hermano, c’est une tout autre vision du stoner, et c’est vraiment intéressant de voir les deux groupes à la suite. Il caille sa race sous la Valley ce soir là, mais on a pourtant jamais eu autant l’impression d’être défoncé au peyotl sous le soleil de plomb du Mojave. D’ailleurs je devais être réellement défoncé parce que j’étais persuadé de les avoir pris en photo, alors qu’en regardant mes pellicules, je m’aperçois que non.
Après un magnifique et très impressionnant feu d’artifice en hommage à Lemmy (avec les lettres R.I.P Lemmy qui s’affiche en grand dans le ciel à la fin, je savais même pas qu’on pouvait écrire des trucs en feu d’artifice), c’est Gutterdämmerung qui démarre à la Warzone. Le concept est assez couillu : un film, réalisé par Bjön Tagemose avec entre autres la participation de Lemmy, Slash, Tom Araya ou encore Iggy Pop, est projeté sur un écran pendant qu’un backing band joue la bande son en live (composée de reprises de morceaux historiques du rock : War Pigs, Ace Of Spades etc). Henry Rollins, qui joue un prêtre extrémiste dans le film, est également présent et vient parfois jouer sa partie en live devant l’écran. Le concept est intéressant et le film est super cool visuellement, mais malheureusement la température relativement basse et le gros son de Korn qui couvre tout rendent la chose difficile à suivre. Dommage, on aurait vraiment aimé voir ça en salle. C’est donc bien avant la fin qu’on part rejoindre notre lit (enfin, notre matelas gonflable), pour espérer avoir quelques heures de sommeil avant d’attaquer le Dimanche, qui est certainement la plus grosse journée du festival.
Tops de la journée :
Flops de la journée :
Galeries
Dirty Fonzy
Hangman’s Chair
Myrkur
Crobot
Strife
Mantar
Torche
The Toy Dolls
Bad Religion
Hermano
Très bon article. Sincèrement tu m’as retransporté au Hellfest. Les photos sont magnifiques, et les textes bien marrants. J’attends avec impatience le jour 3. Peut-être être pourrais-je te payer une bière l’année prochaine !
Et bien merci beaucoup et avec plaisir pour la bière ! Le jour 3 arrivera certainement demain soir ou mercredi 🙂